Tartuffe ou l'art de la communication
« Eh quoi ! Vous ne ferez nulle distinction
Entre l’hypocrisie et la dévotion ?
Vous les voulez traiter d’un semblable langage
et rendre même honneur au masque qu’au visage ?
Égaler l’artifice à la sincérité
Confondre l’apparence avec la vérité ?… »
Molière, Le Tartuffe
Nous avons assisté il y a peu aux 2 dernières réunions plénières des comités de quartier de la mandature.
Nous devons remercier ces citoyens de s’être investis pour être porteurs de constats et forces de propositions, pour améliorer le quotidien des Marseillanais.
L’exercice est difficile et frustrant car le timing de la réponse publique n’est ni jamais assez rapide, ni à la hauteur des besoins, qui sont grands, et il faut de plus composer avec des choix et des programmations budgétaires dans un contexte de budget serré et d'endettement de la ville qui, nous le savons, atteint des records.
Faire œuvre de pédagogie sur l’action publique est nécessaire. Les citoyens sont en capacité de l’entendre et on le leur doit. Mais le maire a préféré nous entraîner dans un jeu du « C’est pas moi c’est l’autre » dont il est désormais coutumier. Pour le maire en effet, L'Etat, l’agglo sont les seuls responsables des décisions impopulaires prises sur Marseillan. Il n’a pas hésité non plus à dénigrer nommément l’action du préfet, celle de la justice et à mots à peine voilés l’action des autres collectivités locales que sont le Département et la Région.
Le prix de l’eau en est un exemple, en oubliant au passage qu'il avait voté « pour » la délibération du Conseil communautaire entraînant une hausse de 143% de la part abonnement des Marseillanais.
De même il a justifié la hausse de la taxe d'habitation par une directive de l'Agglo dont il a pourtant pris seul l’initiative.
Connaissant les inquiétudes autour des projets immobiliers et la défiguration architecturale programmée, au port notamment, le maire est allé jusqu’à déclarer y avoir été obligé par le préfet qui lui aurait réclamé la densification de l’urbanisme et donc des immeubles plus hauts, agitant au passage le chiffon rouge des logements sociaux. Mais le maire a oublié de préciser qu'il s'était mis lui-même hors-la-loi en ne produisant que 7 logements sociaux sur les 200 promis dans son Plan Local et occultant de fait les difficultés majeures des habitants à se loger.
Le clou du spectacle reste sa réponse au collectif d’habitants du quartier du Canal du Midi présents à cette réunion, où un immeuble de 15 mètres de haut de 32 appartements, plus 31 logements individuels vont se construire face à la base des Glénans, dans des espaces protégés. Fort de son opposition et d'une pétition ayant recueilli plus de 10 000 signatures, le collectif a interpellé le maire. Loin d’être désarmé, ce dernier a prétendu comprendre leur point de vue et même le partager, proposant d’intercéder auprès du promoteur Nexity pour qu’il revoit à la baisse son projet. La question de la hauteur des immeubles semble être essentielle et le maire les a assurés de son soutien dans tous leurs recours.
Le maire a juste oublié de reconnaître que c’est le règlement du PLU qu’il a lui même proposé avec notamment une hauteur « à l’égout » et non au faîte du toit qui a permis au promoteur Nexity de trouver le subterfuge pour monter l’immeuble à 15 mètres contre à 12 au maximum sous l'ancien POS.
Il a juste oublié de dire que c'est lui qui a rendu ce terrain constructible alors qu'il ne l'était pas auparavant.
Il a juste oublié de dire que personne ne l'a obligé à rendre ce terrain constructible, même pas le Préfet (le préfet n'est jamais intervenu pour dire qu'il fallait un immeuble aux Glénans).
Il a juste oublié qu’il a fait voter en conseil municipal une modification du PLU pour permettre à l’hôtel de la Baraquette de monter à 15m à l'égout au lieu de 12, jurisprudence dont vont certainement s'emparer les promoteurs sur les autres quartiers de la ville.
Et Molière de conclure par la voix d’Orgon s'adressant à Tartuffe :
« Ces discours ne sont plus de saison
Il faut,tout sur le champ, sortir de la maison »
Christine Carrié-Mahmouki
Conseillère municipale