ACORDARSE
Mon père communiste, quand il était à court d’arguments politiques, reprochait à mon grand-père maternel socialiste, la non intervention de la France en 1936 pour aider la jeune République espagnole à résister aux troupes franquistes. Bercée par de tels propos, je ne pouvais que m’intéresser à ce pays. Aussi en ce 22 février, je veux me souvenir que fin janvier début février 1939, après la chute de Barcelone, près de 500 000 Espagnols ont passé la frontière pour échapper aux représailles franquistes. Accueillis par la force des choses, parfois mal acceptés puis carrément internés et surveillés, ils n’obtiendront le statut de réfugiés qu’après la guerre en 1945.
Cette année est commémoré le 80ème anniversaire de la Retirada, déchirure totale pour le peuple Espagnol. L’association FFEEE (Fils et Filles des Républicains Espagnols et Enfants de l’Exode) organise des marches convergentes vers Argelès-sur-Mer le 23 février. Mais il y aura d’autres manifestations ou expositions dans les Pyrénées Orientales, essentiellement au mémorial de Rivesaltes.
Les descendants des Républicains réfugiés ont obtenu il y a quelques années le droit de demander la nationalité espagnole (et donc la double nationalité), ils travaillent encore à rendre une sépulture digne dès qu’un charnier ou une tombe « sauvage » est découverte …
Que le travail de mémoire se poursuive ne peut qu’apporter reconnaissance et apaisement.
Nous pensons aujourd’hui à ce 22 Février 1939.Le 24 l’Etat français reconnaissait Franco comme leader légitime de l’Espagne.
Je dédie ce texte à Carmen, Marseillanaise de 80 et quelques années initialement prénommée Libertad.
Christine Carrié-Mahmouki
Conseillère municipale